Arrivée de Gaucher

Gaucher était heureux. Il avait, il y a quelques temps, passé ses terres d'oil natales pour passer en Savoie, terre qui allait l'accueillir, et si Dieu le veut le reste de sa vie. Tout jeune garçon, avant même d'être mis aux études par son père, il rêvait de service et d'honneur. A défaut d'apprendre sérieusement le combat à l'épée, il avait apprit à compter, lire et écrire, ce qui n'était pas rien tout de même. Dieu l'avait bien aiguillé, puisqu'il semblait avoir trouvé les mains dans lesquelles il allait pouvoir joindre les siennes afin d'entrer à son service. En attendant ce jour prochain, il n'oubliait pas ce que ses parents lui disaient, de rester fidèle à l'Eglise romaine, à ses enseignements, de toujours la respecter, Elle et ses représentants. Sa mère lui avait fait promettre qu'une fois devenu grand, il devra demander le baptême.

Du haut de ses 16 ans, Gaucher se sentait assez grand et fort pour être un bon fidèle, de demander le baptême dès qu'il trouverait un prêtre, mais aussi d'aller plus en avant dans sa fidélité à Dieu. En Savoie, le proximité de Genève octroyait à la foi une teinte un peu plus martial qu'ailleurs, était-ce bon ou non ?, le jeune homme l'ignorait. Les ordres militaires religieux avaient un écho certain dans les villes de sa nouvelle terre et Gaucher s'y intéressait. Il ne comptait pas devenir un quelconque chevalier ou un membre à part entière, entrer au service d'un laïc semblait être en contradiction avec le fait de se mettre entièrement au service d'un ordre. Pour autant, il allait tenter sa chance de s'associer à celui-ci. Peut-être le jeune homme pourrait devenir une sorte de "frère" à statut particulier, à la fois dans l'ordre mais pas dans sa plénitude, afin de concilier sa vie actuelle et son désir de servir l'Eglise.

Observant de bas en haut la forteresse, il n'était guère impressionné. Il en avait tellement vu dans sa France d'oil. Avec une certaine assurance, il frappa lourdement sur les portes avec son poing droit.

Ohé ! Quelqu'un ?!

Gaucher attendait, impatient.

Le Moche mordillait l'os que son maître lui avait donné quelques minutes plus tôt.
C'était le moment de la journée qu'il préférait de tous... hormis celui de faire la sieste.

Quand il aperçu son maître se lever et ouvrir le portail, il délaissa sa collation et s'empressa de se faufiler entre les jambes du colosse pour se retrouver face au visiteur.

Il tourna deux ou trois fois autour de celui-ci avant de s'en approcher pour renifler ses chausses.

Puis, il retourna aux côtés du gardien.

- Waf ! Waf !

Le garde aperçu le recul de l'homme lorsqu'il le vit. Mais Le Moche avait également fait son apparition et n'hésita pas une seconde a sentir l'homme qui était là a attendre, figé par la peur du chien ou en attente de reprendre son souffle.

Lors que le chien vint s'installer à côté de lui, il lui donna l'ordre de retourner dans la commanderie.

- Schnell! Kehre drinnen zurück.

C'est alors que l'homme se présente et expliqua ce qu'il voulait.

- Guten Tag Herr Gaucher. Fous désirez afour des renseignements sur la Teutoonse Orde ? Je fais faire appeler quelqu'un.

N'attends pas la réponse, il fit signe à un ouvrier d'aller appeler un membre du chapitre de l'Ordre.

Une fois ce dernier parti à la course, il se retourna vers le visiteur.

- Mais fous désirez parler de quoi ? Fous voulez defenir membre de l'Orden ? Peut-être que che peux vous répondre.

Tout en parlant, il avait fait signe au voyageur d'entrer dans le poste de garde le temps qu'un membre de l'ordre n'arrive.

Le jeune homme regardait le chien faire le tour de lui-même. Quelque peu agacé mais ne voulant provoquer un incident diplomatique, il le laissa faire. Toujours en ayant du mal avec cet effroyable accent, il inclina légèrement la tête en signe de remerciement quand le garde lui annonca qu'il allait chercher un frère de l'ordre.

Citation :

- Mais fous désirez parler de quoi ? Fous voulez defenir membre de l'Orden ? Peut-être que che peux vous répondre.

Gaucher n'était pas sûr mais il n'avait rien à perdre à essayer.

Et bien oui et non. Je m'explique. Je me demandais s'il existait comme une sorte d'ost de réserve au sein de l'ordre afin que des laïcs puissent servir lorsque l'ordre a besoin de bras sans pour autant être totalement dans l'ordre. Une sorte de...demi-frère teutonique si je puis le dire ainsi.

Sauriez-vous m'indiquer si cela existe ? Dites-moi si j'ai mal expliqué.

Otto écouta les explications du voyageurs.

- Halb Bruder ! Che pense qu'il y a quelque chose comme ça mais che peux pas fous confirmer si c'est pour les lahique. Faudra parler à un ritter.

Appercevant son fidèle compagnon frétiller des oreilles, le garde compris qu'un membre de l'ordre approchait. Il se retourna pour voir en effet un des membres du Ritterkreis approcher.

- Pax vobiscum, Ritter. Foici Her Gaucher. Il désire fous parler d'Halb Bruder.

L'introduction faite, il s'empressa de laisser la place au ritter et de retourner à son repas qui, espérait-il, n'avait pas été attaqué par les mouches.