Retour de Lily-Jane

Le temps a tendance à être vraiment long quand on attend quelque chose… Les secondes s’égrènent doucement, et l’on est là, seul, à regarder le soleil se lever, puis faire son voyage dans le ciel, pour le voir se coucher de nombreuses heures plus tard, sans que ce que nous attendions arrive.

Même le travail ne parvient pas à faire accélérer les choses. Même les soirées en taverne avec des amis, même les nuits au clair de lune avec son aimé. Rien ne fait avancé le temps. La patience peut être.

Mais elle n’est pas patiente Lily. Et ça, tous le savent. Surtout quand il s’agit de savoir si sa sœur est heureuse, si elle va bien. Surtout quand il s’agit de la voir.

Trop de temps a passé depuis leur dernier échange… Une lettre envoyée, et toujours pas de réponse…. Le temps… Pourquoi ne peut on pas choisir de l’accélérer et de le ralentir au gré de nos envies?
Ça serait une solution idéale pour graver les moments de bonheur dans nos mémoires et d’effacer les douleurs de nos âmes.
Mais bien sur on ne choisit pas. On souffre donc longtemps et on est heureux par moment. Il faut juste savoir profiter de nos quelques instants de joie. Un petit bonheur, un petit rien, c’est toujours mieux que rien du tout comme on dit.

Mais là c’était trop long. Il était inhumain pour Lily d’être séparé de sa sœur plus longtemps… Elle ne tenait plus en place.
Elle avait du quitter son domaine en catastrophe suite à une épidémie, et n’y avait pas remit les pieds depuis. Elle ne savait donc pas si des missives l’attendaient là bas…

Un matin, alors qu’elle regardait le soleil se lever, elle prit la décision de défier le temps. Elle n’attendrait plus et se rendrait là bas. Elle voulait la voir. Et voir Slarkoss aussi.
Ils lui manquaient tant.

Elle prit donc quelques affaires et sella Tonnerre, puis prit la route…. Les cheveux au vent elle parcourut ainsi le long chemin qui la séparait de Thorens.
Les heures cette fois ci ne la perturbèrent pas. Elle s’en moquait car dans son cœur, elle avait enfin un infime espoir de les revoir…. Bon il restait le souci de savoir si on la laisserai entrer… Mais elle n’avait rien fait de mal après tout.. Enfin si, à leurs yeux.
Mais elle s’était repenti depuis. Ryan avait retrouvé le chemin de la vrai Foi et elle, elle avait été se confesser…

Le paysage finit par changer peu à peu, et elle reconnut les reliefs de Thorens au loin.
Son cœur cognait contre sa poitrine… Peu de temps encore à attendre….

Arrivée aux portes, elle mit pieds à terre et s’avança, Tonnerre en bride. Ses longs cheveux noirs lui tombaient en cascade sur les épaules, sa coiffe s’étant envolé à force de galop.
Elle avait les joues rosies par le vent et les yeux brillants…

Elle s’avança encore… Quelques pas…. Enfin elle s’annonça…

Bonjorn! Je suis Lily-Jane de Cognin Franchesse, je viens rendre visite à ma sœur, Marianne de Cognin Franchesse ainsi qu'à Slarkoss…

Invité

Encore une promenade au grand air sur les remparts. La grande carcasse méditait sur différentes choses et notamment sur une missive qu'il venait de recevoir. C'est le mouvement qui attire l'oeil, et c'est donc de son regard azur qu'il vit approcher un cavalier. Il ne lui fallut longtemps pour reconnaître celle qui se pressentait aux portes de la Commanderie.

Il fronça les sourcils et se passa la dextre en les cheveux qu'il n'avait presque plus sur son crâne. Il perdait les cheveux par poignée, peut être le heaume qu'il portait trop souvent... Enfin, peu importe, il n'avait plus besoin de les couper et après tout ce n'était pour lui déplaire.

Il regarda avec attention l'horizon... Une armée d'hétérodoxe était elle sur le point d'assiéger le Château ??? Non... Visiblement la cavalière était seule. Se pourrait-il que la raison soit revenue à cette jeune femme ? Souhaitait-elle présenter des excuses, pour son comportement ? Hum... Il retint un haussement d'épaules... Ou alors ce qui était certainement plus probable c'est qu'elle n'était plus vierge et avait été jetée -une fois l'affaire entendu - comme une mal propre. Avec les infidèles... Il fallait s'attendre à tout !

Il s'accouda à un créneau au dessus du poste de garde... Et observant la scène à venir, il espéra tout de même que tout allait pour le mieux pour cette jeune femme... Elle était une enfant du Très-Haut, elle avait aussi une soeur ici en l'Ordre Teutonique. Cela avait dû être extrêmement pénible pour la Schwester Mammylou. En caressant la croix de bois qu'il portait à son cou, il attendit profitant de la brise.

Otto en était à siffler une bonne bière de son pays, quand le Moche se mit à grogner, comme il n'avait encore jamais grogner... Il sentait un truc ou quelqu'un, c'était pas "net"... Otto se leva dans sa loge et jeta un oeil alentour, devant la Commanderie... Puis il entendit cette voix, reconnaissable entre toutes. Les poils du Moche se dressèrent d'un coup. Il avait flairer de l'hérétique... Pour sûr, Otto l'aurait bien laché. Mais il attendait de voir si elle allait tourner talons... Elle avait du culot celle-ci...

Lily attendait…. Décidemment, ces derniers temps elle était contrainte d’attendre encore et toujours! Pas une ombre ne se dessinait devant elle. Personne n’avançait….
Elle ne bougea pas pour autant. Oh non… Elle ne partirai pas sans avoir vu sa sœur, Slarkoss, et d’autres. Elle ne partirai pas comme ça… Surtout que les choses avaient changé….
Mais peut être n’étaient-ils pas au courant.
Tant pis. Ils devraient la laisser s’expliquer dans ce cas.

Elle leva les yeux vers les remparts et aperçut une silhouette qui ne lui était pas inconnue… Makcimus… Elle arrêta son regard sur lui un instant, esquissant un léger sourire, puis se retourna à nouveau vers l’entrée ayant entendu le grognement du « compagnon » d’Otto…

Elle sourit, amusée, même si la situation était loin d’être risible. Elle savait que Otto n’était donc pas loin et l’avait surement entendu…
Elle reprit la parole

Messire Otto? S’il vous plait, laissez moi entrer… Je ne bougerai pas…. Même si vous lachez votre « ami »…. Et tant pis s’il m’attaque. Je n’ai cure des blessures de chair après celle de cœur qui me furent infligées. Elles seront bien douces à côté….

Et elle attendit, à nouveau….

Hagden avait entendu du bruit à l'extérieur... Quand il vit de quoi, et surtout de qui il en retournait, il alla voir le Gardien en lui intimant l'ordre de ne point bouger, lui et "son" chien...

Le Wärter sortit, s'avança vers la Dame et lui tendit un parchemin, très explicite...

Tenez, voyez par vous même ce qui est écrit. Pas une hérétique ne franchira cette Porte... Il y a de nombreux lieux en dehors de ce lieu voué à la défense de la Vraie Foi, où vous pouvez aller à loisir. Sur ce, je n'userai pas plus ma salive dans cette affaire... Adieu...

Hagden tendit le parchemin... sèchement.

Citation :: Nous , Monseigneur Jackson de Nivellus, Hochmeister et Ritter de l'Ordre Teutonique,

Faisons annonce du renvoi de la Neuling Lily-Jane de l'Ordre Teutonique.
En effet, suite aux affiliations que cette dernière entretient avec un individu de confession cathare et ayant fait son choix en décidant de le suivre, nous déclarons son appartenance à l'Ordre comme nulle.

La Neuling ne sera plus autorisée à pénétrer au sein des Commanderies générales et régionales de l'Ordre Teutonique.

Cette décision attriste notre communauté mais nous espérons que la Neuling ne déviera pas du droit chemin aristotélicien.

Que cela soit dit et su !

Faict à Vesoul, Franche Comté, le 11 juillet de l'an de Grâce 1457,
Scellé par nos soins.

Otto avait écouté...et dit à voix basse

Dans les dents à l'hérétique ! Ca c'est ben envoyé mon cher WÄrter ! C'est y que c'est pas Dieu possible de voir ça de nos jours, z'ont du culot à revendre ces gens là... venir ici à frapper à la Porte alors que...c'est une maison qui sert la vraie Foi... Nan mais...

Le Moche se mit à hululer tel un fou... de joie... enfin de sa voix éraillée d'outre tombe... Otto le musela, et se dit qu'il était presque temps de rendre cette bête à son propriétaire.

Une personne se décida enfin à venir vers Lily. Elle sourit, mais ce sourire s'effaça bien vite en entendant les paroles du Messire. Elle lut la lettre et lui rendit. Mais elle ne bougea pas pour autant.

Elle leva son visage vers lui et le regarda droit dans les yeux, et lui dit d'un voix clair et sûre

Sachez Messire que vos propos sont biens diffamants! Me traiter d'hérétique! Moi! Je suis tout comme vous une enfant du Très Haut et fais tout comme vous partie de la Grande famille Aristotélicienne! En me traitant de la sorte vous salissez mon nom qui est également celui de ma chère soeur Marianne dicte Malou de Cognin Franchesse et cela je ne l'accepte pas!

Mais peut être dites vous cela parce que vous ignorez la réalité! Mon fiancé dont il s'agit sur ce courrier a retrouvé le chemin de la Vrai Foi et est sur le point de se faire baptiser. Jamais, au grand jamais je n'ai dévié de ce chemin me concernant!

Je ne partirai pas d'ici. S'il vous fait plaisir de me chasser par la force faites donc! Je veux voir ma soeur ou quelqu'un d'autorité afin de nier ces propos qui sont désobligeants!

Elle était têtue... Bornée... Mais c'était sa passion qui la guidait ainsi. Son amour pour sa famille, ses amis, sa Foi...

Hagden crut s'étouffer... et alors qu'il allait rentrer se tourna vers la Dame...

Dame, un Comte qui met en procès un Prélat du rang d'Hardouin, un membre de l'Eglise aussi haut placé, ce n'est pas très Aristotélicien... comme attitude. La mienne si, du moins je le pense. Gageons que votre fierté vous ravalerez et que vous reviendrez un jour sur la Voie de la Vertu une fois mes paroles et mon refus compris... On ne gagne pas toujours, Dame... On peut aussi apprendre de ses défaites, faites en autant que moi, tournez bride... Si vous désirez camper, la Vallée est vaste... Mais jamais vous ne remettrez les pieds ici. Sur ce... je vous l'ai dit... Adieu...

Alors là, s'en était trop... Maintenant on lui parlait d'Hardouin.... Mais quel rapport? Cela ne concernait pas Thorens mais Toulouse! Et elle serait juge dans cette affaire. Elle n'avait encore décidé de rien quand au verdict, mais elle le ferait selon sa conscience. Et si les personnes en accusation la faisait marcher au chantage, cela n'irait pas en la faveur de l'homme d'Eglise.

Vous me parlez de gagner? Mais est ce donc un jeu à vos yeux? Voilà la preuve que vous ne savez pas de quoi vous parlez Messire!

Quand au procès de Monseigneur Hardouin, cela ne vous regarde en rien. Et cela n'a aucun rapport avec ma venue ici! Je ne bougerai pas. Je veux voir ma soeur! Je veux voir la personne qui a l'autorité de me faire entrer ici!
Vous m'aviez chassé d'ici lieu pour des raisons qui se trouvent être fausses ce jour d'hui!

Si vous ne faites rien je resterai devant cette entrée à crier le nom de ma soeur jusqu'à ce que quelqu'un se decide à entendre raison!

Invité

Une silhouette, pour le moment immobile, observait la scène du haut des remparts de la commanderie. L'homme se détachait aisément de la lumière du soleil d'août, lui qui était vêtu de sombres habits de prêtre. Le visage dur, intransigeant. Les yeux sévères, froids. Cependant une légère moue, de dégoût, apparaissait sur ce visage fermé. Intérieurement Eldwin était tel un volcan prêt à ensevelir toute une ville de ses coulées de laves mortelles. C'était la première fois qu'il voyait cette femme dont on lui en avait tant parlé. Pas autant que son hérétique de compagnon mais presque. Au dernier mot de la jeune femme, la raison, Eldwin posa ses mains sur la pierre et se pencha quelque peu en avant, c'est alors qu'il fit fondre sa colère sur cette femme et ce qu'elle représentait.

Tais-toi catin des Princes-démons ! Suppôt de la Bête Sans Nom. Tu souilles l'air et la terre de ces lieux au service du Très-Haut de ta présence malsaine. Une femme qui par folie pactise avec les hérétiques ne sait rien de la raison. La raison fort heureusement habite l'esprit des hommes vivant ici, et tous savent que que toi, comme l'hérétique Ryan Kamps, êtes des rejetons du Mal. La prétendue conversion de ton amant démoniaque vaut autant que ta foi en la Vérité Divine révélée par le Très Saint Prophète Aristote, elle n'est que mensonge ! Quitte cette terre à présent et laisse en paix les bonnes âmes qui vivent en ces lieux, cessent de les tourmenter avec tes mauvaises paroles !

Il adressa alors un signe au Wartër Hagden, homme de grande foi qui, il était certain, ne laisserait pas plus longtemps cette femme souiller de sa présence les terres de Thorens. Eldwin, n'ayant plus rien à ajouter contre la femme, s'écarta des créneaux et descendit des remparts, gagnant la cour de la commanderie, et attendant qu'Hagden revienne, prêt à faire appel aux teutoniques armés présents à la commanderie pour faire reculer cette démone et la renvoyé auprès de son dégoûtant amant.

Hagden fit un signe à Eldwin... Il avait le coeur pur et prompt.

Puis le Wärter se tourna de nouveau vers la Dame en soupirant.

Libre à vous, Dame, de camper ou non. Mais sachez que vous aurez un peu de pain et d'eau, on ne vous laissera pas sans celà. Je vous laisserai bien sans, si je m'écoutais. L'ascèse, la contrition est un début de repentance. Et peut-être devriez vous y songer, avant de tourner votre langue médisante sur ce que vous ne connaissez point. N'est pas vous qui avez fait un choix, certes, pas terrible le choix, entre l'Ombre et la Lumière, vous avez choisi la première... Hurler ne changera rien. Personne un temps soi peu digne de foi ici, ne vous répondra... comme je le fais, comme mon Frère le fait.

Lily avait beau être une jeune femme de caractère, qui avait l'habitude d'entendre des médisances des uns et des autres, elle sentit un vague de tristesse aux mots de l'homme qui avait craché son venin du haut des remparts. Les larmes qu'elle retenait depuis de longs mois commençaient à monter, et ses yeux clairs comme de la glace laissèrent percevoir le début de son désarroi...

Le voyage pour venir jusqu'ici avait été si long, elle n'avait pas fait d'arrêt, tant l'envie de voir sa soeur était forte. Elle se sentit chanceler et eut un léger déséquilibre mais se retint à l'encolure de Tonnerre d'une main.

Elle regarda Hagden d'un regard différent, presque implorant, qui laissait aussi percevoir l'incompréhension des mots de l'homme là haut. Ses émotions transparaissaient enfin, laissant aussi apparaitre sa jeunesse...

Pourquoi... Pourquoi penser cela de moi.....

Elle passa une main à son cou, là où sa médaille de baptème ne l'avait jamais quitté...

Je ne suis pas ce que vous croyez.... Ryan n'est pas non plus hérétique... Il n'a jamais fait de prosélytisme, il a ouvert les yeux sur la Vérité.... Il est un enfant du Très Haut lui aussi...

Pourquoi m'affubler de tels noms.... J'ai toujours été une fervente croyante....

Les larmes perlaient à ses yeux et coulaient le long de ses joues qui avaient prit une teinte si pâle qu'elle semblait sur le point de s'évanouir...

Hagden baissa les yeux. Il voyait en ces larmes un début de quelque chose, mais de quoi ? Il avait tant vu de personnes user de tels artifices pour tromper le monde. Ou pas. Hagden n'en rajouta pas plus. Il rejeta ses cheveux en arrière... et lança dans un soupir... encore un... de lassitude...

Dame... Dame... ce ne sont pas des larmes, sincères ou pas, qui vous ouvriront la lourde Porte de la Commanderie...

Puis il tourna les talons, entra par l'un des grands battants qu'il referma dans un grincement... puis ayant donné quelques ordres à Otto, au cas où Lily en viendrait à camper ou à hurler devant la Commanderie, et il disparut dans un couloir.

Lily resta devant les portes qui furent refermées devant elle. Elle ne bougea pas. Son coeur la faisait souffrir, mai pas un mal que l'on guérit par quelques médecines...
Les larmes continuaient de couler, sans qu'elle puisse les arrêter. Elle ne savait plus quoi faire. Elle ne savait plus quoi dire... Pourquoi ne voulait on pas la croire? Pourquoi la prenait on pour une hérétique alors que cela était faux? Pourquoi ne la laissait on pas voir sa soeur?

Toutes ces questions se bousculaient... Elle fit un pas en arriere... Un murmure

Malou....

Puis elle s'évanouit aux pieds de sa monture...

Ces derniers mois avaient été éprouvant. Son médecin lui avait dit de ne pas faire ce voyage... Mais que n'aurait elle pas fait pour sa soeur?

Invité

Y'avait du remue-ménage près de la porte... Golden, curieuse, avait pointé le bout de son museau dans la cour de Thorens. Deux hommes étaient sur les remparts, à bonne distance l'un de l'autre... Et puis elle entendit l'un deux crier d'abominables injures, sans pouvoir le reconnaître. Elle grimpa elle aussi sur les remparts, de manière à ne pas se faire voir. Ecoutant avec horreur la tirade véhémente du Teutonique, elle comprit de suite que l'insultée était en fait la compagne de Ryan Kamps, Lily-Jane, ex-Neuling dont elle avait entendu parler... Elle n'éprouvait aucune compassion pour l'homme pour qui la jeune femme avait tout abandonné, et même, plutôt une haine instinctive. Elle contempla la scène avec affliction. Que de haine... De violence...

Peu habituée à ce genre de démonstration et d'un tempérament moins dur qu'elle espérait le faire accroire, la jeune femme sentit son coeur se serrer dans sa poitrine. Elle, sincère Aristotélicienne, ne comprenait pas ce déchaînement de violence. Elle ne doutait pas que ces hommes étaient d'une foi grande et pure, qu'ils y étaient fidèle par dessus tout, mais... N'avaient-ils jamais aimé ? Golden savait très bien quel aurait été son choix à la place de Lily-Jane. Elle n'aurait jamais renié sa foi mais aurait suivi l'homme qu'elle aimait si son amour eût été aussi fort que celui qu'elle éprouvait aujourd'hui pour Jackson. Il n'y avait pas de raison derrière tout ça. C'était une affaire de coïncidence... Elle était tombée sur un fidèle, Lily-Jane sur un hérétique, pouvait-on la blâmer de vouloir garder un espoir d'être heureuse ? Les hommes de foi ne savaient-ils pas que sans l'amour, la vie était si triste que le coeur plongeait dans le désespoir, le désir de mort ? Tout le monde n'avait pas le courage d'y résister, c'était ainsi.

Tout à coup, il n'y avait plus personne en bas, Otto et le Wärter, qu'elle avait reconnu, étaient rentrés. Où était la jeune femme ? Plissant les yeux, la Pomme l'aperçut à terre, aux pieds de son cheval. Ne distinguant aucun mouvement, elle s'inquiéta. Mais que faire ? Que dirait-on si elle, simple Neuling, se rendait auprès d'une femme qui était simplement rejetée par les Teutoniques ? Impossible de rester là les bras croisés, de toute façon, il fallait qu'elle comprenne et ne pourrait pas se regarder en face si elle laissait passer sa tranquillité avant ce qu'elle pensait devoir faire. Elle marmonna quelque excuse au Très-Haut pour ce qu'elle allait faire et dévala les escaliers, sortit de la commanderie et s'agenouilla à côté de la jeune femme. Bel et bien évanouie... Et avec plein de blessures sur les bras de surcroit ! Sauf qu'elle y connaissait rien en médecine elle... Prenant son courage à deux mains, elle tapota les joues de l'inconsciente, attendant une réaction... Rien. Une petite claque encore pour la faire réagir. Enfin ses paupières se soulevèrent légèrement.

C'tait bien beau tout ça, mais elle allait faire quoi la Golden maintenant ? Pas sûre que si elle allait chercher quelqu'un pour l'aider, elle se ferait pas jeter. Elle soupira et fit un sourire de bonne mesure à la jeune femme. Elle aidait une parfaite inconnue, risquant se faire très mal voir par les membres de l'Ordre. Tant pis...

Pas une bonne idée de revenir là hein... J'comprends qu'ils ne vous acceptent pas, mais c'est trop de violence pour moi. J'comprends aussi votre décision dans le fond. Vous avez de l'eau ?

Golden n'attendit pas de réponse, une outre en peau était accrochée à la selle du cheval. Elle se releva, la saisit et fit boire un peu d'eau à la jeune femme.

J'peux pas vous aider plus moi. Surtout ne bougez pas, z'êtes dans un sale état ma parole. Notre soignant est partie en retraite... J'connais pas grand monde et je sais pas qui aller chercher. Z'allez tenir le coup le temps que je trouve quelqu'un ?

Otto sortit, voyant une ombre sortir de la Commanderie et croyant l'autre partie

Hey, il se passe quoi par ici... ?

Le Moche grognait à son talon. Le Gardien regarda dans la même direction que les yeux blancs du Moche. L'hérétique était étendue, souffrante visiblement... mais était-ce pas encore une simagrée pour se faire bien rentrer manu militari et hop, que je t'embrouille tout le monde !

Pis avisant une nouvelle recrue Thegoldendragon, qui allait et venait un peu perdue... il alla la rattraper.

HO ! Stop mamzelle Golden... Si médecine il y a elle sera pratiquée hors de la Commanderie. Ya assez d'ombre et d'abri sous les remparts, à l'extérieur, pour y dresser un lit et une maigre tente. C'te Dame ne doit point entrer... ayant voué son coeur à un hérétique qui se dit repenti, mais qui envoie des prélats devant sa Justice... Et c'te Dame est justement le Juge de son mari et de ce prélat... 'tention au comment vous allez gérer c'te affaire, le Très-Haut à les yeux bien aiguisés...et la Bête aussi...

Lily gisait aux côtés de Tonnerre, inconsciente. Il y avait peu de temps, elle avait défendu des personnes qui s'étaient faites agresser sur les routes du Comté de Toulouse.... Des brigands.... D'autant que ceux ci s'en étaient prit à des enfants en plus de malmener leur intendant...

Elle avait prit plusieurs coups d'épées au bras droit, ainsi que quelques bastonnades sur tout le corps. Avec l'aide d'un ami elle avait tout de même réussi à l'emporter, mais elle avait frôlé la mort, et son état aujourd'hui était encore pitoyable.
La blessure la plus profonde au bras s'était rouverte et le sang commençait à percer sous le tissu de sa chemise.

Tout à coup elle s'éveilla, aussi soudainement que si on avait crié à son oreille. Elle ouvrit les yeux et regarda la jeune personne qui l'avait sortit de son inconscience. Celle ci lui parla mais Lily avait la gorge nouée et ses blessures la faisaient souffrir.
Une larme roula à nouveau sur sa joue tandis que sa bienfaitrice la faisait boire...

Elle tenta d'absorber un peu d'eau puis leva à nouveau les yeux vers elle

Je... Ma soeur.... J'ai mal...

Elle entendit la voix d'Otto mais ne comprit rien, puis elle perdit à nouveau connaissance...

Invité

Une tache sombre grandissait sensiblement sur le bras de la jeune femme. Pas le choix, Golden déchira sa chemise pour voir ce qu'il en était. Elle faillit lâcher un juron en voyant qu'une plaie visiblement assez profonde saignait abondamment. La seule chose qu'elle pouvait faire était peut-être un garrot, en espérant que cela fonctionne... La Pomme néophyte en médecine détacha sa ceinture et la passa au dessus de la blessure. Entourant le bras blessé, elle la serra de manière à éviter une trop grande perte de sang. 'Fallait vraiment trouver quelqu'un là...

Je... Ma soeur.... J'ai mal...

T'm'étonnes qu'elle avait mal... Mais à peine ces mots prononcés, elle perdit connaissance à nouveau. Décidément c'était une manie ! Golden grogna et se releva. Pis d'abord, c'était qui sa soeur ?

HO ! Stop mamzelle Golden... Si médecine il y a elle sera pratiquée hors de la Commanderie. Ya assez d'ombre et d'abri sous les remparts, à l'extérieur, pour y dresser un lit et une maigre tente. C'te Dame ne doit point entrer... ayant voué son coeur à un hérétique qui se dit repenti, mais qui envoie des prélats devant sa Justice... Et c'te Dame est justement le Juge de son mari et de ce prélat... 'tention au comment vous allez gérer c'te affaire, le Très-Haut à les yeux bien aiguisés...et la Bête aussi...

Golden sursauta, elle avait totalement oublié Otto qui devait sans doute l'avoir vue sortir. Elle se retourna pour lui faire face, ayant recouvré un sang-froid qui l'étonna elle-même au vu de l'impressionnant gardien. Etrangement, sa présence la rassurait presque. Pas celle de l'horreur sur pattes en revanche. Elle leva les yeux sur Otto et lui répondit d'une voix calme :

J'suis pas totalement stupide 'savez, j'suis Neuling moi, la décision de la faire entrer en ces murs ou non me revient pas... Et je m'en tape de savoir à quel endroit, faut juste la soigner, y'a urgence là. Vous connaissez tout le monde mieux que moi ici. Qui puis-je aller chercher pour aider cette jeune femme ? Et qui est la soeur qu'elle réclame ? Faites vite ! Ce n'est qu'une femme inconsciente et inoffensive, s'agit pas de la Bête sans Nom là ! Puis si on la laisse mourir, on saura jamais si le jugement qu'elle prendra dans le procès du prélat dont vous me parlez est juste ou non. Dites-moi. S'il vous plaît Otto.

Froncement de sourcils. Le simple ton qu'elle avait employé, le "s'il vous plaît" inhabituel venant de Golden, son air décidé, ses muscles tendus; autant d'indices qui montraient que tout son être n'attendait qu'un signal pour agir. Et ce signal était les noms qu'elle avait demandés. Ses prunelles ne lâchaient pas celles du garde. Elles ne les lâcheraient pas tant qu'elle n'aurait pas obtenu ce qu'elle désirait.

Otto était bourru et tout et tout, mais quand même. C'était pas une Neuling qui allait dire quoi penser ou dire... Il s'avança vers l'allongée. Il grogna, et calma le Moche qui aurait bien voulu en faire son quatre heure. Puis il se tourna vers la Neuling.Otto se demandait où l'Ordre allait pêcher ses recrues, avec aussi peu de considération pour un homme de son rang.

Sachez qu'on ne me cause que peur sur c'ton, Neuling, et qu'il va falloir que vous ayez un peu plus de "respectabilité" pour les gens qui servent l'Ordre comme moi depuis... depuis... Oula, j'compte même plus les décennies ! Alors hein ? "Molo", comme on dit. Et pis j'ai des yeux, des oreilles, je vois bien que ya quelqu'un étendu là et qui geint.

Et je le répète, le Hochmeister en personne ne veut point que cette femme entre à l'intérieur. Ya un parchemin signé de sa main, qui le stipule, et rien ni personne n'y dérogera... Gut ?

Otto se clama... du moins essaya de se calmer et de calmer le Moche qui s'excitait à son pied, lorgnant le corps étendu...

Bref, si vous voulez savoir qui il faut voir pour la médecine, faut s'adresser à la Reiterin Mysselyzia... Elle doit se trouver à l'Herboristerie, ou quelque part par là-bas. Allez la chercher, je vais veiller sur la "mourante"... Car suis pas un sans coeur, non plus... et le Moche aussi, contrairement à son apparence, et son envie indéniable de croquer l'évanouie pour voir si elle simule pas...

Otto avait parlé, il ne dirait rien de plus avant que la Neuling ne disparaisse dans la Commanderie à la recherche de la Médicastre.

Le Ritter Hobb fut mis au courant tardivement de l'arrivée de Dame Lily Jane. Elle semblait moins pérorer qu'à Rome.
Afin d'éviter quelque débordement, il sortit de la Commanderie et renvoya tout le monde qui n'avait rien à y faire, à ses occupations sauf Otto.
Personne d'autres que Otto et le Wärter avait à s'occuper des arrivants.
Il s'approcha de Dame Lily Jane blessée. La situation n'était pas jolie.
Il se retourna et appela Otto. Il pensait que le Wärter n'était point loin.

-" Hola Otto, Komm, schnell !! es scheint schwirig... . "

Hobb avait retrouvé son patois teuton, c'était pas du littéraire, mais du brutal, oui, gutural aussi, comment ? Vous avez raison c'est du curieux ! aussi.
Ca fleurait bon le terroir, la fête de la bière, les Humab Täterä. Du lourd, mais ça c'était avant le drame.
Hobb souleva la jeune femme et se dirigea vers la cellule d'Otto. Elle serait soignée là et pas plus avant dns la commanderie. Il faudra virer le Moche, pas Otto, le chien. Car le sang risquerait de l'exciter.

[Dans la Celule du célébrissime Otto]

-" Otto veux tu prenre ma cape et la placr sur ton lit."

Hobb se délesta de sa charge en la posant sur la couche du gardien. Il fallait attendre la médicastre.
Puis prévenir le Hochmeister de son initiative. En tout cas si il avait entre ses mains le coms entre les mains illui apprendrait les bonnes manières,laisser voyager sa fiancée ainsi.

Invité

[Hrp: arf, dû tout refaire...]

Non mais il le faisait exprès ou quoi ? Il avait un don pour mal interpréter ses paroles ? Elle qui s'était montrée particulièrement suppliante là, beaucoup trop à son goût d'ailleurs, v'là qu'Otto le prenait mal. A n'y rien comprendre. Sa frustration était telle qu'elle y aurait laissé cours en toute autre circonstance. Mais la petite Neuling de rien du tout ravala fierté et exaspération et se contenta d'un visage fermé. Après tout elle savait que faire maint'nant. Hochement de tête vers le Garde, regard circonspect vers le chien.

Toutes mes excuses. Merci.

Ca lui avait tellement écorché la bouche qu'elle fit volte face sans attendre. Pour se retrouver nez à nez avec un homme. S'fit renvoyer avec toute la froideur du monde. Elle haussa les épaules et partit sans demander son reste. Décidément, elle comprendrait jamais rien aux gens d'ici... M'enfin, p't'être qu'un jour...

Otto vit débouler l'ancien Wärter Hobb. Il s'exécuta sans broncher, à l'aider à porter le corps. Même si le fait de laisser cette femme entrer ne serait ce que dans sa cellule, et la coucher sur son lit en plus...celà lui faisait venir au tempes quelques vapeurs...

Il avait laissé le Moche à l'extérieur, il n'était pas encore prêt pour affronter psychologiquement ce genre de situation comme son Maître...

Il attendit, un peu fébrile que le médicastre arrive... en se dandinant sur ces gros pieds... IL espérait qu'elle arrive vite...

Invité

Attendant dans la cour, derrière les remparts, Eldwin entendait vaguement qu'Hagden discutait certainement encore avec la jeune femme. Puis finalement il rentra dans la commanderie, fermant derrière lui et disparaissant dans un bâtiment. Jugeant qu'il n'avait plus rien à faire ici Eldwin commença à quitter les lieux quand il aperçut une neuling qu'il connaissait mal quitter les remparts et la commanderie pour aller à la rencontre de l'amante de l'hérétique. Courroucé par un tel comportement, il ne fit pourtant rien. Il entendit alors Otto parler avec la neuling. C'est alors que le Seneschall arriva, décidément un vrai moulin ce poste de garde, et renvoya tout le monde. Eldwin commença alors à partir, à petits pas, observant la scène qui se jouait devant lui, et c'est excédé qu'il partit, plus rapidement, après avoir vu le ritter Hobb prendre la jeune femme, visiblement évanouie, dans ses bras et la mener dans la commanderie, allant à l'encontre d'une décision de l'Hochmeister. Un tel comportement de la part d'un dignitaire de l'Ordre laissait perplexe Eldwin, et l'agaçait, lui qui n'éprouvait aucune compassion pour cette amie des hérétiques.

Lily était toujours inconsciente. Parfois elle avait un éclair de lucidité, et se sentit transporté ailleurs. Le sol sembla alors moins dur, comme si on l’avait installé sur une couche.

Mais dès qu’elle semblait reprendre conscience, la douleur qu’elle ressentait était si vive, qu’elle s’évanouissait à nouveau.
Parfois elle prononçait quelques mots, certains compréhensibles, d’autres non.

Elle répétait surtout le nom de sa sœur.

Mais dans son inconscience, elle revivait sa dernière rencontre avec les brigands. Un cauchemar qui avait été réel…
Elle revoyait le premier qu’elle achevait d’un coup d’épée dans le ventre, son regard vitreux quand il s’écroula au sol, le sang qui coulait…

Puis le deuxième qui avait faillit la tuer… Celui qui l’avait bastonné presque à mort avant de lui envoyé sa lame qui atteignit l’épaule de la demoiselle…
Elle se souvint s’être écroulée au sol, puis sa vie qui défila devant ses yeux tandis que l’homme se jetais sur elle et tentait de profiter de la situation.
Seul le visage de Malou avait pu l’aider à revenir à elle, à se défendre à nouveau. Et aussi grâce à Slarkoss.
La dague qu’il lui avait offerte lors de son départ de Thorens. Elle était depuis accrochée à sa ceinture. Elle avait réussi dans un effort à la sortir et à donner un coup au brigand…
Cela l’avait sauvé.

Et là, tout lui revenait en mémoire, comme si elle revivait à nouveau l’évènement…Elle cria dans son sommeil. Un cri déchirant…. Les larmes coulaient sans cesse sur ses joues…. Et encore elle appela sa sœur…

Malou!!!!!!!!!

Déambulant dans les couloirs Antoineleroy flanait lentement, rêvassant, mais un cri le sortit de ses songes

Malou!!!!!!!!!

Curieux comme à son habitude, il suivit le son et se retrouva dans la Cellule d'Otto. Son parrain s'y trouvait, le gardien aussi bien évidemment, et puis il y avait une femme à côté d'une autre qui elle était allongée

* Non di dju! *

" Que se passe-t-il ici? "

Le médicastre regarda la jeune femme, son visage était pale et des grosses gouttes de sueur perlaient à son front... Il voyait aussi une large tâche de sang sur la manche de la chemise, elle saignait?

" Permettez? "

Il déposa sa besace sur le sol et prit le poul de la jeune femme avant de déposer sa main sur le front de cette dernière. Elle était dans un état faible!
Antoineleroy demanda de l'aide pour dégraffer la chemise de la jeune femme et vit une ancienne plaie réouverte... Le sang coulait lentement.

" Il faudrait de l'eau fraiche, des linges propres, un tison dans un feu ainsi qu'un seau d'eau bouillante.

Que quelqu'un éponge le front de cette jeune femme avec de l'eau frache afin de faire redescendre sa température... Il va falloir nettoyer sa vilaine plaie et cotériser! "