[RP]Réminiscences d'un vieux fou

Enfin la citadelle des teutoniques était proche. Le chemin avait été long pour le voyageur solitaire, mais il lui fallait accomplir sa tâche, c'était son crédo, tout faire pour accomplir le travail qu'on lui confiait, quitte à devoir déroger à certains principes, valeurs propres au voyageur. En fait, une fois qu'il trouvait un employeur, il n'était plus lui même, mais seulement le bras de celui qui lui assurait son revenu, ainsi oublier ses valeurs ne troublaient pas réellement sa conscience, tout comme accomplir certains actes...pas forcément moraux.
Cette fois ci, il avait rencontré son employeur près d'un monastère réputé comme étant intégriste du sud du Royaume de France, un homme émacié et fatigué par l'âge, des tracas et une conscience trop lourde à porter. Soutenu par deux hommes de main, un colosse et une personne au regard inquiétant, le vieux noble avait donné une mission, ou du moins plusieurs missions, au voyageur, lui offrant quelques lettres et une bourse remplie d'écus. Une fois les instructions reçues, le voyageur se vit offrir un cheval pour faire le chemin vers plusieurs lieux, la Provence, Toulouse, Rome et la citadelle teutonique de Thorens.
Le messager avait décidé d'un parcours assez inattendu, commençant par Thorens pour rallier le sud durant l'été et l'automne, période durant laquelle le climat était meilleur, permettant de couvrir plus de distance sans pour autant dépenser des richesses en vêtements et logis.

Arrivant en la citadelle teutonique, le messager descendit de sa monture, encore haletante, épuisée par la longue route qu'ils avaient parcouru. La tenant par la bride, il se dirigea vers la garde, logiquement pour demander quelque information. Ayant été prévenu que généralement seul un homme obèse et très antipathique montait la garde et jouait le rôle de cerbère, le voyageur tenta de le héler, sa voix résonnant dans l'air, vide de tout son proche.

Hola, sire...Auto! Êtes-vous là?

L'autrichien finissait à peine sa sieste quotidienne lorsque des bruits de pas à l'extérieur du poste de Garde se firent de plus en plus proches . Bientôt une voix lanca :

Citation :: Hola, sire...Auto! Êtes-vous là?

Otto s'empara de son jeu de clés et sortit voir à quoi pouvait bien ressembler le visiteur qui osait le déranger dans ses activités ottoniennes et ce qu'il voulait. Il tomba nez à nez avec un homme à l'apparence délabrée et visiblement exténué qu'il surplombait de plusieurs centimètres. Le garde ne prit cependant aucune pincette avec l'homme, comme à son habitude.

Ouep, c'est bien moi! On peut savoir qui vous êtes m'ssire? D'ou venez vous ainsi et dans quel but ? Comment avez vous entendu parler de ce lieu ?

Otto resta stoïque, les bras croisés, impassible, attendant réponses à ces questions et méfiant vis à vis de l'individu...

Ah quel bestiau...Tout de même, il s'attendait à un homme assez gros, mais là, c'était plutôt original. Le voyageur se demanda d'ailleurs comment ce cerbère faisait pour marcher sans lamentablement s'écrouler sur sa graisse. Enfin, qu'importait cela, il n'était pas venu pour cela. Certes le gargantuesque gardien n'était pas poli, mais il fallait tout de même lui répondre, cela faisait partie de sa mission.
Mais il fallait cependant garder une certaine part de mystère, peut être son commanditaire avait-il des ennemis ici, donner son nom serait alors une grave erreur, qui plus est fatale. Il fallait donc rester le plus prudent possible.

Je suis ici pour accomplir l'une des dernières volontés d'un certain maistre Valendras, c'est le nom qu'il m'a donné. Il m'a aussi transmis un plan pour rejoindre votre citadelle, en compagnie de lettre adressé à une certaine demoiselle Aurore von Valendras et à messire Mateù de...Sabran!

Quel était donc l'avantage de porter des noms si compliqués? Affirmer son appartenance peut être... En tout cas, cela ne simplifiait pas la vie des messagers qui en plus devaient retenir ces noms étirables à merci.

Il m'a dit que je pouvais les trouver ici. Serait-ce possible de les rencontrer? Je vous en serai gréé. Cela me déchargerait d'une part de ma mission.

Otto porta sa large paluche au menton et gratta un double menton rustique et légèrement poilu. L'homme l'intriguait. Il était là pour une mission bien précise en tant que messager mais l'imposant gardien n'en était pas à ses premiers doutes sur les nouveaux visages et les comportements intrigants voire suspects.

Otto ordonna au Neuling qui se trouvait quelques pas derrière lui d'aller prévenir plusieurs membres de l'Ordre : la Ritterin Aurore et le Ritter Mateù, le Bruder Chevreux dans son rôle d'OrdenMarschall ainsi bien sûr que l'Hochmeister Izidore de se rendre à la Tour de l'Orient afin de recevoir ce fameux "messager". Il indiqua également au Neuling de prévenir plusieurs Bruders pour la sécurité.

Le novice fila rapidement et le gardien reporta son attention sur l'individu.

Mouais, je vais vous laisser entrer et vous pourrez vous expliquer...plus en détails, c'est vot' truc d'éviter de répondre directement aux questions semblerait-il...
Mais avant ça, remettez moi toutes vos armes, vous pourrez les reprendre quand vous quitterez la commanderie.

Vous allez vous rendre à la Tour de l'Orient, ces deux Reiters vous y accompagneront.

Les Reiters acquiescèrent automatiquement et vinrent se placer de part et d'autre de l'individu, l'invitant d'un geste de la main à les suivre.

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Le patibulaire gardien avait finalement accepté de laisser passer le messager, même si sa langue semblait totalement opposée aux mots qu'elle permettait de prononcer. La perspective de pouvoir accomplir sa mission et de se débarrasser de la vision du gros monstre était une bonne chose. Non pas qu'il ne supporterait pas quelques minutes de plus en la compagnie du cerbère, mais sa présence commençait sérieusement à lui échauffer les oreilles, or craquer sous la pression de la colère était contraire à ses habitudes, cela nuirait à sa réputation de travailleur donc, il ne fallait pas qu'il craque.

Des armes? Je n'ai déjà pas les moyens de me payer des vêtements de luxe, alors une arme mon brave... Je suis désolé, je n'en possède pas. Ce que j'ai de plus dangereux est probablement ce cheval. D'ailleurs, faites moi le plaisir de le garder et de le laisser un peu se reposer, j'aimerais bien pouvoir reprendre la route, j'ai beaucoup de chemin à faire.

Alors que le messager allait se diriger vers la fameuse Tour de l'Orient, accompagné par l'escorte qui était probablement là pour le surveiller plus que pour le protéger, il sentit poindre la suspicion dans le regard du balourd. Il leva alors sa chemise élimée et enleva une à une ses bottes pour prouver qu'il ne pouvait porter d'armes, se rhabillant, le messager prit la route, accompagné par ces charmantes personnes, plus et respectueuses que jamais...

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