[RP] Une bien étrange jeune femme.

Ce devait être en fin d’après-midi. Il ne devait pas être plus de dix-sept heures lorsqu’Aalana arriva à la porte de l’Ordre Teutonique à pieds, les semelles usées par le voyage. Elle avait alors monté seule les chemins sinueux, les bises froides, ou encore les vents plus violents. Il faisait un peu plus froid que sur les plateaux qu’elle avait l’habitude d’habiter. Les herbes étaient plus hautes et la nature plus brute, voir brutale. Ce lieu n’était pas si hostile, mais loin de son foyer, Aalana se sentait mal. Très mal. Rien n’allait pour le mieux : sa vieille mère perdait ses forces, et sa propre condition n’était pas des plus idéales. Il lui fallait donc un nouveau foyer… Mais il y avait un réel problème : un de ces problèmes qui nous forcent à voyager, à être protéger, et à avoir tellement peur…

Cette scène, elle se l’était imaginée des milliers de fois, si ce n’est plus. Elle ne se voyait certes pas accueillie en noble princesse, mais cette porte… Elle remettait tout en question, elle lui donnait envie de fuir ses responsabilités. Longuement elle pensa, des minutes entières elle resta stoïque devant la porte. Elle pesait le pour et le contre : le devait-elle, ne le devait-elle pas ? Et puis elle se dit en essuyant ses larmes –causées par le vent et la peur – du revers de la main, que parfois, il est bien meilleur d’agir sans réfléchir, et qu’il vaut mieux regretter un acte réalisé, qu’un acte non accompli. Alors elle écrasa énergiquement le heurtoir contre le morceau de fer fixé sur la porte, mais ne fit pas de bruit tonitruant : ses forces s’amenuisaient, à elle aussi, et son secret était lourd à porter pour une si frêle jeune femme.

Elle attendrait dorénavant. Elle savait déjà ce qu’elle dirait à la personne qui l’accueillerait, et elle espérait pouvoir être écoutée. Là, elle se regarda longuement : Ses mains étaient moites, sa cape -volontairement bien trop grande- volait au vent et ses bottes étaient sur le point de céder. Elle repoussa ses mèches de cheveux de son visage, mais celles-ci revenaient sans cesse.
Elle se sentait comme une gueuze attendant sa pitance. Elle ne se sentait ainsi pas digne des chevaliers de l’ordre teutonique, de ces chevaliers qu’elle admirait tant, de ces chevaliers qui lui avaient tant coûté, mais tant apporté.